Cf l’article connexe: « Om« .
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« Ce dont on ne peut pas parler, il faut le taire. » (Ludwig Wittgenstein, 1889-1951)
Quand nous utilisons des mots pour tenter de dire l’indicible, le moment fatal arrive arrive où les mots s’avèrent incapables d’épuiser leur objet. La sagesse impose alors de s’arrêter de parler.
Serait-il alors plus sage de ne pas commencer à parler? Le risque est trop grand de faire du yoga dans la seule simplicité de l’évidence, dans la lumière des choses faciles à concevoir et à désigner, la « sérénité », le « repos », la « santé », le « bien-être.
« Brahman » est tout sauf facile à concevoir, à dire et à désigner. Mais si on renonce à en parler, on passe totalement à côté du but du yoga qui n’est pas le simple silence de l’ego ou du corps, mais une qualité unique de silence qui n’a rien à voir avec tel ou tel silence particulier, on parle là d’un silence au delà des silences: le silence de Brahman.
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Brahman (ou « le brahman ») est, dans l’hindouisme, la réalité ultime, absolue, infinie, éternelle et sans forme. C’est ce dont tout émane, ce en quoi tout subsiste, et ce à quoi tout retourne, à chaque instant.
Brahman n’est pas un dieu
Il est essentiel de distinguer la conception de Brahman d’une conception monothéiste anthropocentrique occidentale de « Dieu ». C’est pour cela qu’il serait plus logique de le désigner comme un état d’être universel par l’expression « le brahman » (avec minuscule) plutôt que par la personnification « Brahman »(avec majuscule) même si l’habitude de le personnifier sans l’article « le » et avec une majuscule à la vie dure.
Il y a en Inde une foultitude de dieux qui sont révérés, honorés, célébrés parce qu’ils sont susceptibles de s’absenter comme de rentrer en contact avec les croyants..
Brahman est tout sauf un objet de foi, un dieu invisible en qui il faudrait croire pour rendre sa présence effective. Brahman n’est pas un dieu personnel à qui s’adresser pour qu’il nous réponde, ce n’est même pas un dieu du tout, c’est la réalité spirituelle sous-jacente à toute réalité matérielle et mentale. Il est fréquent de considérer que le tissu même de la réalité est « divin » mais c’est loin d’être nécessaire. On peut tout à fait être athée et considérer Brahman comme central.
Dans la Brihadaranyaka Upanishad, il est dit que Brahman est « Neti neti« , « ni ceci, ni cela ».
Dans la Chandogya Upanishad, il est dit: « Tat tvam asi« , « Tu es Cela ». Cela signifie que Brahman n’est pas ailleurs, il est moi, il est nous, il est tout, quand le mental et le corps se taisent et que la pure conscience reste seule dans sa dimension originelle éternelle et infinie..
Brahman, au delà de toute dualité, de toute personnification, est un « principe » impersonnel. Brahman est éternel, infini, au delà de toute forme, au delà de toute dualité et la seule manière de le connaître c’est de devenir Brahman, de le « réaliser » en devenant soi-même éternel, infini, au delà de la forme, de l’ego, de l’humanité et de la dualité. « Réaliser le Soi », c’est strictement la même chose que « réaliser Brahman ».
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