L’un des exercices respiratoires les plus connus en yoga est celui où l’on respire en bouchant et en débouchant chaque narine à tour de rôle, on appelle cette technique la respiration alternée.
Ce qui est moins connu, c’est que cet exercice constitue le passage en mode manuel d’un processus automatique propre à chaque individu et qu’on appelle le cycle nasal.
En exagérant à peine, on peut dire que toute la journée, sans le savoir, nous respirons par une seule narine à la fois.

Toutes les quatre heures environ, de deux à six selon les individus (parfois plus, parfois moins), sans qu’on s’en rende compte, l’une des deux narines se congestionne pour augmenter la surface de ses muqueuses internes (au niveau de petites structures osseuses qu’on appelle « cornets nasaux« ) tandis que l’autre se décongestionne pour laisser davantage passer d’air.
La narine qui avait le plus haut débit va passer en bas débit et, inversement, la narine qui (grâce aux cornets nasaux hypervascularisés) maximisait le réchauffage, le filtrage et l’humidification de l’air, va prendre le temps de se régénérer.
Narine1=haut débit+ cornets au repos
Narine2= bas débit+ cornets au travail

1) Je me trouve dans quelle phase du cycle nasal en ce moment?
Pour répondre à cette brûlante question, bouchez vous la narine gauche, prenez une grande inspiration par la narine droite et évaluez la qualité du débit d’air, si besoin en faisant varier la vitesse de prise d’air. Expirez ensuite longtemps, toujours en étant hyper attentif à la façon dont l’air circule.
Faites la même chose de l’autre côté, comparez le ressenti à droite et à gauche. Répétez plusieurs fois l’observation si nécessaire. Pour certaines personnes, c’est flagrant et immédiat, pour d’autres ça prend un peu de temps.

Normalement, vous devriez constater qu’une narine est plus performante que l’autre (que le diamètre de son «tunnel» est plus large).
Si vous percevez zéro différence entre les narines, pas de panique, il est possible que vous vous trouviez dans la courte période (moins de cinq minutes toutes les quatre heures) où les deux narines sont parfaitement égales.
Ce moment suspendu c’est, pour employer une image maritime, l’«étale», ce laps de temps entre marée montante et marée descendante, quand la mer retient son souffle.
En toute logique, patientez cinq petites minutes puis renouvelez l’expérience. Bien entendu si vous avez une déformation de la cloison nasale ou que vous êtres enrhumé, ça va gêner l’observation.
Dernier point: il est fort possible que vous réalisiez que ce vous avez toujours pris pour un petit problème respiratoire chronique était en fait l’effet complètement naturel du cycle nasal!
2) Physiologie du cycle nasal
Le cycle nasal est entièrement contrôlé et modulé, à l’insu de notre plein gré, comme tous les systèmes physiologiques, par le système nerveux autonome (SNA pour les intimes) en général et par l’hypothalamus en particulier, partie du cerveau qui contrôle notamment le tonus vasculaire des cornets nasaux.
Quand le système sympathique du SNA est activé, il provoque une vasoconstriction des vaisseaux sanguins des cornets nasaux, ces derniers se dégonflent, l’air passe plus librement. Inversement, quand le système parasympathique du SNA domine, il y a vasodilatation, les cornets se gonflent, le débit d’air esr réduit de ce côté.
Le but du cycle nasal (comme tout cycle physiologique en général) est d’alterner repos et action. En l’occurrence:
Repos= protection active= homéostasie optimale (réchauffage, filtrage immunitaire, humidification)
Action= ventilation généreuse= olfaction maximale.
C’est comme deux voies routières dont l’une serait totalement ouverte pour absorber le trafic (ventilation et olfaction libérées) tandis que l’autre réduirait considérablement son débit pour permettre d’intensifier les travaux de maintenance (immunité, filtration, homéothermie, humidification).

On le voit, les deux narines forment un couple parfaitement symétrique constitué de deux moitiés qui échangent leurs fonctions de manière régulière.
2.1) Narine congestionnée (vasodilatée, gonflée et semi bouchée)
La muqueuse congestive des cornets nasaux agit comme un climatiseur naturel.
Quand l’alimentation en sang y est optimale, la narine est congestionnée, la muqueuse devient plus chaude et plus humide, la protection contre l’extérieur est améliorée, le dessèchement est minoré, les poussières et agents pathogènes sont mieux filtrés par le mucus, la température et l’hydratation de l’air entrant sont mieux régulées.
En cas d’infection, la muqueuse de la narine s’enflamme et gonfle, elle se congestionne et passe en mode «repos et protection», l’infection est contrôlée, isolée, l’alimentation en sang contenant des agents pathogènes est amplifiée. Le mucus infectée s’épaissit et exige d’être évacué par le mouchage.
C’est grâce au cycle nasal que lorsqu’on a le nez bouché, l’air passe un minimum par l’une des deux narines!

2.2) Narine décongestionnée (vasoconstrictée, dégonflée et ouverte)
Quand la narine est décongestionnée, la climatisation est moins bonne, la température, l’humidité, la filtration sont moins bien régulées à cause du haut débit d’air. Par contre la ventilation et l’olfaction, elles, sont optimales.