1) Introduction
Pour qui veut évaluer scientifiquement les progrès de la souplesse, non pas physique, non pas mentale mais physiologique, pour qui veut prouver les effets profonds du yoga, des techniques de relaxation, de la grande sérénité intérieure que l’on cultive dans les postures même les plus «stressantes», la mesure de la Variabilité de la fréquence cardiaque (ou VFC mesurée en millisecondes) s’avère un outil essentiel.
En effet, le yoga bien pratiqué (avec sagesse et adaptabilité au monde tel qu’il est- pour mieux l’influencer positivement) est censé améliorer la VFC.
Connaître sa VFC, ce n’est malheureusement pas aussi simple que de prendre son pouls pendant une minute en comptant les battements.
Ce qui nous intéresse ici, c’est la durée exacte à la milliseconde près entre chaque battement. Et pour la connaître, on a deux solutions:
1) Prendre rendez-vous chez un médecin du sport qui fera un ECG pour évaluer nos fonctions cardiovasculaires au repos et à l’effort.
2) Acheter (ou se faire prêter) une montre « cardio » (intégrant un cardiofréquencemètre prenant la mesure au poignet ou au thorax) connectée si possible à une appli smartphone qui permettra de visualiser l’évolution de notre coeur, au fil de la journée, voire de la semaine.

Voyons la théorie.
2) Qu’est-ce que la VFC ?
La VFC est un indicateur physiologique permettant d’évaluer l’état du système nerveux autonome. Elle mesure la variation de durée entre deux battements cardiaques calculée sur une période donnée (de 5 minutes à 24 heures).
On pourrait penser que c’est une bonne chose d’avoir le cœur qui bat comme un métronome fier et indifférent à tout.
Fatale erreur! Les intervalles entre chaque battement du cœur ne sont jamais réguliers et cette irrégularité est non seulement normale mais souhaitable, c’est même un indicateur fiable de notre souplesse intérieure (physiologique) et de notre bonne santé générale.

Un cœur en bonne santé est délicat et sensible, en aucun cas une brute épaisse qui fonce aveuglément droit devant sans tenir compte de l’environnement. Le cœur sain sait s’adapter en permanence aux signaux internes (pression artérielle, respiration, émotions, digestion) et externes (température, posture, effort). Ces ajustements se manifestent par de petites variations continuelles dans le rythme cardiaque.
Être en forme et en bonne santé, c’est avoir un cœur non seulement réactif à tous les petits stress naturels, inhérents à la vie intérieure mais réactif aussi à tous les moments de répit de cette même vie intérieure.
Le cœur réagit, le cœur accélère, le cœur ralentit, à tout instant, toute notre vie.
Imaginons que le cœur est un orchestre.

Si chaque musicien joue à intervalle fixe comme une mécanique bien huilée, la musique est alors mécanique, rigide et sans âme (faible VFC).
Si les musiciens s’adaptent les uns aux autres avec fluidité, la musique devient harmonieuse, vivante, souple (haute VFC). Le corps s’adapte instantanément aux changements internes et externes.

3) VFC élevée, moyenne ou basse ?
3.1) VFC élevée
Si la VFC est élevée (supérieure à 50ms), c’est excellent, cela reflète un système nerveux autonome équilibré avec une capacité optimale à gérer le stress.
L’équilibre entre les deux systèmes sympathique et parasympathique ne signifie pas qu’ils sont à égalité 50/50 à chaque instant, bien au contraire! Cela veut dire qu’ils peuvent alterner rapidement en fonction des besoins.
Avoir une VFC élevée signale que notre système parasympathique est parfaitement opérationnel (merci le yoga), que notre capacité de récupérer rapidement (à nous « remettre de nos émotions ») est parfaite, que notre souplesse physiologique est active, que notre faculté d’adaptation à ce « monde cruel » est au top.
Le nerf vague est notre principal nerf parasympathique, il envoie des signaux qui ralentissent et régulent le rythme cardiaque presque battement par battement. C’est lui qui crée les variations fines entre les intervalles cardiaques..
3.2) VFC moyenne
Si la VFC se situe entre 30 et 50ms, rien à dire, c’est normal, tout va bien.
3.3) VFC basse
Si la VFC est basse, inférieure à 30ms, cela indique du stress, de la fatigue, un manque chronique de récupération et potentiellement des troubles cardiovasculaires. C’est le système sympathique qui domine avec tout le stress et la fatigue incessante qui vont avec. On est en état chronique de « rigidité physiologique ».
Pour améliorer sa VFC, il est conseillé de moins (ou ne pas) boire d’alcool, de boire de l’eau avant d’aller se coucher, de ne pas manger trop tard dans la soirée, d’avoir une vie régulière avec des activités hebdomadaires et quotidiennes bien harmonisées.

Sur une journée type, on va observer de grandes tendances de la VFC: baisse de la VFC le matin en raison de l’activation du système sympathique et hausse de la VFC le soir quand le corps se détend grâce à l’activation du système parasympathique.

4) Quid des cœurs articiels ?
Un cœur artificiel est une pompe mécanique, qui fonctionne selon un rythme fixe ou programmable, sans être influencée par la respiration, les émotions, le stress. Un cœur artificiel n’a pas de variabilité de la fréquence cardiaque, car il ne bat pas naturellement et n’est pas connecté au système nerveux autonome.
Les personnes à qui on a implanté un cœur artificiel se sentent souvent fatigués, leur cœur ne tenant pas compte de leurs besoins précis. Elles éprouvent de la difficulté à s’identifier à leur corps tout entier, elles ont parfois un sentiment de dissociation, voire de désincarnation partielle ou de vide sensoriel.
5) Quid des cœurs humains transplantés ?
Pour transplanter un cœur, on doit couper tous les nerfs. Une fois que la greffe a prise, une réinnervation partielle a lieu mais exclusivement des nerfs sympathiques.
Le nerf vague, qui transmet les infos parasympathiques (et joue un rôle clé dans le freinage du rythme cardiaque), ne se régénère quasiment jamais.
6) VFC élevée et arythmie cardiaque anarchique
Attention de ne pas confondre VFC élevée (c’est une bonne chose) et arythmie cardiaque anarchique (qui n’est pas une bonne chose).
6.1) VFC élevée
Une VFC élevée est une variation fine et harmonieuse entre les battements qui indique une alternance fluide entre système sympathique et système parasympathique. Sur l’ECG on va observer des intervalles un peu différents mais avec une structure rythmique globale normale.
6.2) Arythmie cardiaque anarchique
Une arythmie cardiaque anarchique se distingue clairement d’une VFC élevée sur l’ECG. On va observer des intervalles trop courts ou trop longs avec des phases de décélération et d’accélération prononcées indiquant que le cœur est déconnectée de l’écosystème physiologique et n’en fait qu’à sa tête.
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