La conscience n’est pas figée dans une opposition binaire entre le oui et le non.
Assumer ses contradictions va à contre-courant de beaucoup d’attentes spirituelles et psychologiques, et va même, oui parfois, à l’encontre du bon sens.
C’est vrai, dans la vie, il faut faire des choix, sinon on ne s’en sort pas. Soit on veut la paix, soit on veut la guerre; soit on veut le beurre, soit on veut l’argent du beurre; soit on décide un beau jour de s’aimer tel qu’on est, avec ses défauts et ses contradictions, soit on préfère sa distraire, passer sa vie à regarder ailleurs, sans se prendre la tête, en fuyant la violence, l’énervement, la conflictualité, les complications, les ruminations.
Et oui, dans la vie quotidienne, les contradictions intérieures doivent être tranchées à un moment donné, sinon on n’arrive à rien.
Le yoga dont il est question ici n’a rien d’une prise de tête stérile entretenant l’irrésolution, la procrastination, le doute paralysant.
L’idée centrale du yoga des contradictions assumées est que l’équilibre ne se trouve ni dans l’évitement des conflits, ni dans l’absence de tensions, ni dans l’immobilité, mais dans un mouvement intérieur, perpétuel et maîtrisé, dans un accord vivant avec l’instabilité de l’univers et ses polarités .
Comme disent les bouddhistes, « la seule chose de stable c’est l’instabilité ». C’est pourquoi il faut se fabriquer une souplesse mentale à toute épreuve en sachant retourner sa veste plutôt que de rester figé dans une loyauté toxique à une façon de penser destructrice.

Formellement, tout est instable, mouvant, changeant. Mais, fondamentalement, tant pis pour les bouddhistes orthodoxes qui rejetteront cette idée: l’univers dans son essence ne change pas.
Le temps peut s’accélérer ou ralentir, le temps reste éternel.
L’espace peut se réduire ou augmenter, l’espace demeure infini.
Les contradictions peuvent se résoudre à l’instant T, elles ne le sont jamais une fois pour toutes. Dans l’absolu, les contradictions persistent et tendent éternellement vers l’équilibre.
Le yoga des contradictions assumées pourrait s’appeler aussi bien le yoga de la non-dualité
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