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(7) Les 8 membres du yoga


Le Ashtanga Yoga (littéralement le « yoga à 8 membres », à ne pas confondre avec l’école Ashtanga vinyasa Yoga fondée par K.Patthabi Jois) est la partie la plus célèbre du texte des Yoga-Sutras du maître de yoga légendaire Patanjali décrivant les huit principaux aspects du yoga pratiqué comme méthode de développement spirituel. Le samadhi (l’état fusionnel d’accomplissement spirituel ultime) étant son couronnement, il est possible de pratiquer chronologiquement les huit membres l’un après l’autre, mais, toute partie renvoyant au tout, chaque « membre » peut servir de base à la réalisation spirituelle (assumer avec calme les épreuves de la vie).

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1) Les YAMAS (mot du genre masculin en sanskrit) sont les cinq règles de sagesse à observer vis-à-vis d’autrui. Dans une perspective strictement spirituelle, le pratiquant de yoga est invité naturellement à conjuguer probité des actes et pureté des intentions

a) L’ahimsa (féminin) est le refus de faire du mal (« bienveillance », « non-violence », apprendre à dire non à la violence). Il convient de garder à l’esprit qu’il est impossible de plaire à tout le monde : même en souhaitant ne faire de tort à personne: tout usage de soi et du monde (aussi bien intentionné soit-on) en cause fatalement.

b) La satya (féminin) désigne le parler-vrai (satya signifie littéralement la « vérité »), la capacité d’assumer que la vérité des uns, c’est souvent le mensonge et l’erreur des autres.

c) L’asteya (féminin) est le refus de voler autrui, le fait de respecter (autant que faire se peut) la propriété privée et le droit de chacun de mener sa vie comme il l’entend.

d) Le bramacharya (masculin, Brahman « absolu », charya (prononcer « tcharya ») « conduite ») désigne le fait de consacrer sa pratique à la quête d’un absolu intérieur, d’une stabilité émotionnelle, morale, spirituelle, la plus indépendante possible des circonstances et des choix d’autrui. Traditionnellement, bramacharya désigne le vœu de chasteté.

e) L’aparigraha (masculin, préfixe a- privatif, racine grah « saisir », « prendre », « posséder ») désigne le refus de considérer les êtres humains comme des choses à posséder ou de simples ressources utilitaires. Même dépossédés en apparence de tout, nous ne cessons jamais de posséder l’essentiel: la capacité de recommencer, sur de nouvelles bases, une nouvelle vie.

2) Les NIYAMAS (masculin, le préfixe sanskrit -ni indique un mouvement vers l’intérieur) sont les cinq règles à suivre pour bien gouverner notre vie personnelle.

a) Le shaucha (neutre, prononcer « shaoutcha », racine verbal suc « briller », « rayonner », « être pur », « être clair ») désigne littéralement d’une part l’état de ce qui brille, la pureté (ou propreté) intérieure et extérieure, d’autre part les opérations de purification, le feu intérieur qui brûle les impuretés (mauvais instincts et confusion mentale) afin de produire la « luminosité intérieure », comprise en gros comme la clarté mentale et la pureté d’âme.

b)Le santosha (masculin, sama  « complet », tosha « satisfaction », « plaisir ») est le contentement, la plénitude intérieure. Pratiquer le santosha consiste à refuser de se laisser réduire à ses souffrances et ses frustrations et à les considérer comme des étapes vers la révélation de sa nature profonde, fondamentalement (et absolument) heureuse d’être ce qu’elle est, existence extérieure « ratée » ou non.

c) Le tapas (masculin) désigne la chaleur de l’effort volontaire et discipliné visant la transformation intérieure active vers l’autonomie pure et lumineuse.

d) Svadhyaya (masculin) est la lecture et l’assimilation des textes classiques, des paroles de sagesse, des « mantras », conduisant à la connaissance de sa nature profonde universelle et, par voie de conséquence, à la libération spirituelle.

e) Ishvara Pranidhana (masculin) désigne la dévotion à Ishvara, principe de conscience absolument libre qui peut prendre la forme, selon les cultures, de telle ou telle figure spirituelle, historique, mythique ou purement intellectuelle. Dans le Samkhya, Purusha est le principe d’altérité universelle expliquant l’évolution et la diversification, le changement continu de Prakriti (l’ensemble des éléments intercorrélés (tattvas) constituant la matrice des êtres vivants conscients). Dans les Yoga-Sutras de Patanjali, Ishvara est la conscience pure, un purusha détachable (et détaché) de prakriti.

3) ASANA (neutre, as « s’asseoir », « s’établir de manière stable ») est la posture de yoga, dédiée originellement à la seule méditation, et définie comme « stable et confortable » (Sthira sukham asanam). Pour rendre la vie facile, il faut s’exercer à faire des choses difficiles qui, grâce à l’entraînement et à la persévérance, vont devenir de plus en plus faciles. Le yoga mène de front l’ouverture d’esprit (ne jamais cesser d’apprendre à parler, penser, aimer, vivre autrement) et l’ouverture du corps (ne jamais cesser d’offrir au corps de nouvelles possibilités de bouger, de se tenir, de se placer, de rencontrer de manière inédite l’espace intérieur et extérieur).

4) PRANAYAMA (masculin, prana  « élan vital », ayama  « contrôle », « expansion », « régulation ») est, littéralement, le « contrôle de l’énergie vitale » qui, concrètement, comprend tout un ensemble d’exercices respiratoires (on parle de pranayamas au pluriel pour désigner ces exercices.) Avec son souffle, on parle, on chante, on crie, on rit, on pleure, on sanglote, on tousse, on éternue, on expectore, on vomit, on baille, on soupire, on est « inspiré ». La respiration est le carrefour énergétique des émotions, des valeurs morales, des croyances limitantes ou « illimitantes », des gestes instinctifs et des gestes appris. La respiration, dans tous ses aspects, est le lieu privilégié de l’observation et de la compréhension de l’évolution de notre usage du monde et de nous-mêmes.

5) PRATYAHARA (masculin) est la réorientation des sens, habituellement monopolisés par le monde extérieur, vers les centres énergétiques intérieurs: en particulier les 7 chakras, les 5 pranas vayus et les 11 systèmes physiologiques attestés par la science. Au fond, nous sommes évolution, potentialité infinie, perfectibilité, adaptabilité, source inépuisable d’innovations.

6) DHARANA (féminin) est la concentration. C’est la partie de la pratique du yoga qui lutte contre la dispersion, la distraction et renforce notre capacité à nous centrer, à nous concentrer avec lucidité sur ce que nous sommes, ressentons, choisissons et faisons.

7) DHYANA (neutre, « méditation yogique ») est la continuité fluide et stable de dharana, la concentration sur un seul point intérieur intégrant toutes les dimensions de nous-mêmes, un état d’attention continue sans effort et non discursif.

8) SAMADHI (masculin) est l’état fusionnel unissant conscience et objets de conscience.

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