La transcendance est l’expérience, pour tout être ou toute chose, d’être affecté par ce qui vient d’ailleurs et qui dépasse son pouvoir propre. Pour la matière inanimée, c’est la pluie qui tombe sur la pierre, la chaleur qui dilate le métal, la gravité qui attire le caillou. Pour le vivant, c’est la nourriture, la lumière, l’air, l’autre vivant. Pour l’être humain, c’est aussi ce qui se traduit en langage, en image, en symbole: le soleil, le souffle vital, l’énergie, les lois, la hiérarchie des valeurs, l’humanisme, l’écologie, un ensemble articulé et hiérarchisé de principes absolus (l’Humain, la Vie, la Matière, l’Esprit, l’Éternité, l’Infini, l’Inconditionné, l’Absolu).
La transcendance n’est pas une abstraction séparée du monde, mais un mode fondamental d’existence : être exposé à l’altérité.
L’immanence est l’autre face inséparable de la transcendance. Si la transcendance est l’expérience d’être affecté par ce qui vient d’ailleurs, l’immanence est le fait que cet « ailleurs » se vit toujours à l’intérieur même de l’être, comme modification de sa propre structure.
Transcendance et immanence ne sont pas deux domaines opposés, mais un seul processus : ce qui vient d’ailleurs se manifeste dedans. Le soleil est transcendance pour le corps, et la chaleur vécue dans la peau est immanence.
C’est cet aller‑retour constant entre transcendance et immanence qui constitue la dimension métaphysique universelle du réel : le monde est toujours plus grand que soi, et en même temps toujours présent en soi.
***