Le yoga originel, celui de Patanjali, cultive l’union exclusive avec la conscience pure et la séparation catégorique (le yoga originel est dualiste) de cette dernière avec le monde tant extérieur qu’intérieur.
Alors que le bon sens le plus élémentaire indique que la conscience n’est rien sans un monde à conscientiser, Patanjali tranche dans le vif et déclare que libérer la conscience, c’est la libérer du monde. Comme si pour libérer un miroir, on le recouvrait d’un voile.
La conscience pure, dans le Samkhya-yoga est en effet comme un miroir vivant qui n’a pas besoin de refléter quoi que ce soit pour se réjouir d’être.
La conscience pure est la faculté inemployée d’entrer en relation avec le monde intérieur et avec le monde extérieur, faculté vacante, faculté en vacance, qui ne s’exerce donc pas et peut rester en retrait, en existant uniquement sur le mode distant et contemplatif, loin des formes relationnelles de la conscience, comme l’instinct de conservation qui va trahir la conscience pure pour maintenir le corps et le mental en vie.
La conscience profonde se vit sur le mode éternel.
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Arrivé dix siècles après le yoga résolument dualiste et transcendant de Patanjali, le hatha yoga lui est en partie infidèle. Inspiré par la pensée tantrique panthéiste (tout est divin, tout est en Dieu, tout est immanent), le hatha yoga est non dualiste et considère qu’on peut s’attacher au monde sans compromettre sa quête d’absolu.
La conscience de Patanjali voit sans interagir, la conscience du hatha yoga est moins radicale, non seulement elle interagit mais elle met elle met le focus sur ses interactions avec le monde.
Cette conscience qui interagit, en fait c’est le mental qui a besoin de la conscience-miroir pour refléter passivement la vie mais met le focus non pas sur l’outil de perception mais sur le perçu.
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