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Yoga et religion

Le yoga est indépendant de la religion et d’aileurs aussi, originellement, de la pratique corporelle (chez Patanjali.)

Le yoga est d’abord une voie de la Connaissance spirituelle (jnana yoga) qui indique une possibilité de libération par l’observation de la différence entre la conscience pure et le mental, sans référence à une personne divine envers laquelle on cherche à éveiller une dévotion.

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Les religions se distinguent les unes des autres (c’est vrai aussi pour les différentes idéologies politiques de toute époque) par la manière dont elles justifient la place centrale dominante qu’a l’humanité par rapport aux autres espèces.

Pour y voir clair, parcourons l’histoire de l’humanité en cinq moments clés

1) – 12000 ans, pendant le paléolithique

À cette époque, les humains sont des chasseurs-cueilleurs. Il n’y a pas encore d’idée claire de supériorité humaine: beaucoup de peuples vivent dans des systèmes animistes, où les animaux, les plantes, les rivières ont des intentions, une conscience de leurs intérêts propre, des esprits. L’humain est un être parmi d’autres. C’est une période de cohabitation, mais malheureusement aussi d’insécurité face aux forces naturelles. Les humains vont échanger la prière et les actions de grâce contre la technologie et la domestication rationnelle de la nature.

2) – 10 000 ans, révolution du néolithique

C’est le temps de l’apparition de l’agriculture et de la domestication des animaux, de la sédentarisation progressive des peuples nomades et de la législation de l’appropriation du sol. L’humain commence à organiser la nature. C’est le début des clôtures, des hiérarchies sociales, et des représentations symboliques du pouvoir humain sur le monde. Ce moment marque un changement profond : la nature devient ressource, et l’humain s’en détache.

3) – 3000 ans

Avec les premières grandes civilisations urbaines (Mésopotamie, Égypte, Grèce, Inde, Chine) apparaissent les religions polythéistes structurées avec un panthéon hiérarchisé. L’humain se voit souvent comme le médiateur entre les dieux et le monde. Il a une mission, un statut particulier. Les textes sacrés comme les mythes mésopotamiens ou plus tard la Genèse dans la Bible placent l’humain au sommet de la création.

4) – 800 ans

Avènement de l’Antiquité et es religions philosophiques (bouddhisme, taoïsme, stoïcisme, etc.). Certaines écoles relativisent la centralité humaine. Mais dans la tradition judéo-chrétienne notamment, l’homme est clairement créé à l’image de Dieu. Il a la mission de dominer la Terre. Cette idée est reprise et accentuée plus tard.

5)

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Contrairement à ce qu’on pense généralement, un esprit profondément religieux ne se distingue pas d’un esprit non religieux par sa croyance ou nom en Dieu mais par sa croyance spontanée en la supériorité « évidente » de l’humanité sur les autres espèces.

La spiritualité remplace la religiosité dès qu’on dépossède l’être humain de sa supériorité sur les autres formes de vie.

La religiosité se reconnaît en tant qu’état d’esprit qui s’appuie sur des structures établies, des doctrines jamais remises en question, une vérité « révélée » qu’il faut suivre. La personne religieuse pense en fonction de conformité et de protection des privilèges de son groupe, souvent en termes de vérité extérieure. Ce qui est juste, pour la personne religieuse, est ce que l’institution ou la tradition enseigne, et le monde est vu à travers ce filtre. Cela peut parfois amener à une fermeture d’esprit, si cette vérité devient exclusive.

Du point de vue de la protection privilèges humains acquis sur l’écosystème, il n’y a guère de différence entre un croyant et un athée.

La vérité révélé, dans les traditions monothéistes comme le judaïsme, le christianisme ou l’islam, est le fait que l’être humain est le seul être créé « à l’image de Dieu », le seul doué de libre-arbitre, le seul à avoir priorité sur tout le reste, relégué au statut d’ »environnement ».

Dans d’autres traditions, comme certaines formes d’hindouisme ou de bouddhisme, l’être humain n’est pas nécessairement « au sommet » dans un sens hiérarchique, mais il a une position clé parce qu’il est capable de se libérer du cycle des renaissances. Donc la valeur humaine est immense, mais pas parce que l’humanité domine les autres formes de vie.

Dans les spiritualités plus animistes ou indigènes, l’être humain fait plutôt partie d’un grand réseau vivant, avec une interdépendance sacrée entre tous les êtres. Là, l’idée de « sommet » est beaucoup moins marquée, voire absente.

Dans le pays d’origine du yoga, l’Inde et en particulier dans la tradition hindoue, le rapport aux animaux est profondément enraciné dans une vision sacrée du vivant. Contrairement à la pensée chrétienne traditionnelle où les animaux sont souvent vus comme subordonnés à l’homme (cf. Genèse 1:28), l’hindouisme voit tous les êtres comme parties intégrantes de Brahman, la réalité ultime.

Dans la Bhagavad Gita (chapitre 5, verset 18), Krishna dit: « Le sage voit avec un œil d’égalité le brahmane instruit, la vache, l’éléphant, le chien et même l’homme qui mange du chien. »
Cela exprime une vision d’unité cosmique. Tous les êtres ont un atman, une âme, et sont donc dignes de respect.

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