cyrilyoga.fr

Texte de la Samkhyakarika

Karika 1
दुःखत्रयाभिघाताज्जिज्ञासा तदपघातहेतोर् दृष्टे सापार्था चेन्नैकान्तात्यन्ततोऽभावात्।
duḥkha-trayābhighātāj jijñāsā tad-apaghāta-hetor dṛṣṭe sāparthā cen naikāntātyantato’bhāvāt।

C’est en raison de la souffrance sous ses trois formes qu’émerge le désir de ne plus souffrir. Si le moyen évident de ne plus souffrir du tout existait, ce désir serait vain mais ce n’est pas le cas.

L’expression sanskrite “duḥkha-traya” désigne les trois formes de souffrance (ou de douleur), non détaillées parce que bien connues dans la culture indienne. Traditionnellement, elles sont classées ainsi: 1)Adhyatmika, celles qui proviennent (à première vue) de l’intérieur, de soi, du corps ou de l’esprit (troubles somatiques ou psychiques), 2) Adhibhautika, celles qui viennent de l’extérieur, des autres êtres vivants (blessures causés par des agressions clairement identifiées), 3)Adhidaivika, celles qui viennent du contexte général (catastrophes naturelles, karma, influences mystérieuses pressenties).

Ces 3 sources de la souffrance ne sont pas exclusives les unes des autres. Si je me tords la cheville, l’origine de ma souffrance est triple. 1) C’est un peu de ma faute, j’aurais pu faire davantage attention. 2) C’est un peu de la faute de cette cochonnerie de trou dans le sol qui m’a comme tendu un piège. 3) Et c’est aussi un de peu la faute de je ne sais quoi, de je ne sais qui, la faute à pas de chance, au karma, au mauvais œil, au fait que le monde entier est en train de se casser la gueule, allez savoir.

La question de l’identification précise de l’origine de telle ou telle souffrance relève toujours un peu de l’interprétation subjective, du « Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça? »

*

Karika2
दृष्टवदानुश्रविकः स ह्यविशुद्धिक्षयातिशययुक्तः ।
तद्विपरीतः श्रेयान् व्यक्ताव्यक्तज्ञविज्ञानात् ॥ २॥
dṛṣṭavad ānuśravikaḥ sa hy aviśuddhi-kṣayātiśaya-yuktaḥ |
tad-viparītaḥ śreyān vyakta-avyakta-jña-vijñānāt ||

Les plaisirs comme moyens de lutter contre la souffrance profonde ne suffisent pas ni non plus les rituels religieux prescrit par la tradition (prières, cérémonies, promesses d’une vie future débarassée de la souffrance). Bien faire la distinction entre trois choses: le monde manifesté, le monde non manifesté (la réalité métaphysique antérieure à toute manifestation) et notre faculté de connaître le plan métaphysique est fondamentale pour atteindre un meilleur résultat.